La question du plan en dissertation.

Publié le 3 Février 2008

Le plan

 

Après la phase de rédaction de l’introduction, il faut revenir au brouillon pour élaborer le plan.

 

Une erreur est d’emblée à éviter : penser rédiger directement sur la copie. Mais il n’est pas mauvais de proposer quelques conseils généraux d’organisation qui ne vous dispenseront pas d’en détailler contenus, progression et articulations.

 

D’abord, choisir la réponse où la thèse que vous allez défendre ; ensuite, pensez à l’établir par la discussion critique de sa contradictoire. Il s’agit alors d’une analyse dialectique. C’est le fameux plan, thèse, antithèse où on pose une réponse pour ensuite l’invalider par ses faiblesses et aboutir à une nouvelle solution qui résout plus complètement la question. Ce plan vaut la plupart du temps pour les sujets où l’on peut répondre par oui ou par non.

Chaque étape de cette organisation doit être justifiée et argumentée. N’hésitez pas à utiliser des titres avec des symboles pour les parties (I), sous-parties(1), illustrations et références des auteurs (a), etc.

 

Un autre plan peut aussi être proposé. Il débute par l’élucidation des notions du sujet en mettant clairement en avant les directions que ces concepts montrent. Ensuite, chaque partie reprend un des sens indiqués et justifie de sa propre valeur en tant qu’elle répond parfaitement ou pas à la question posée. La progression va donc du moins efficace, du plus apparent, du plus superficiel, du moins convaincant, au plus efficace, au plus essentiel, au plus profond en précisant à chaque fois l’intelligibilité des notions en jeu.

 

Un troisième modèle peut être esquissé qui correspond à l’articulation des deux : chaque partie construite autour d’une signification donne lieu au passage vers une autre élucidation conceptuelle par la construction d’une partie critique. (cf. Cas de l’exemple proposé).

 

Par ailleurs, une question est souvent posée : comment trouver les idées ? La réponse est simple : dans le cours, les textes étudiés et lus à la fois dans le manuel et dans les photocopies distribuées, dans sa culture personnelle.

 

IV- La conclusion

Elle réaffirme votre bilan en reparcourant le chemin de votre réflexion. Elle se rédige directement sur la copie.

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Application sur notre exemple. Notions principales :    LIBERTÉ, HISTOIRE.

                                                  Notions annexes :         INCONSCIENT, DÉSIR.

 

Plan au brouillon

 

A ) Les contraintes du passé semblent montrer un déterminisme efficace qui a des conséquences sur la liberté des hommes au niveau individuel comme au niveau collectif.

 

I-Déterminisme socio-politique.

1)      Mœurs et coutumes : les traditions et les préjugés.

L’histoire des communautés ou des collectivités lègue aux individus des comportements que l’éducation entérine et conforte.

a)      L’héritage du corps ( cf. Les transformations culturelles du donné biologique montrent les différentes utilisations du corps. Marcel Mauss 1873-1950. (Sociologie et anthropologie) 1934  p147 manuel Nathan terminale L).

b)      Les barbares : la culture politiquement dominante a imposé aux autres sa manière de comprendre l’être et le monde. Il en demeure un conditionnement implicite efficace. (cf. L’esclavage, l’attitude colonialiste, l’empire grec, les conquêtes espagnoles).

    2) Rôle de l’idéologie.

           a)   Le totalitarisme : l’endoctrinement subi dans le passé empêche toute liberté morale et tout choix indépendant. (cf. L’absence de remords des criminels contre l’humanité, procès de Nuremberg).

 

Transition : Le déterminisme politique n’est pas le seul à fonder l’aliénation. Son fondement est peut-être d’abord économique.

 

II- Déterminisme socioculturel.

      1) Le déterminisme économique : dans le monde capitaliste, les hommes entrent dans des rapports de production indépendants de leur volonté et s’en trouvent dans leur existence même conditionnés. (cf. Karl Marx « Avant-propos à la critique de l’économie politique » 1859 pp26-27 Manuel Hatier).

            2) Rôle du milieu socioculturel dans la formation et l’histoire de l’individu : les inégalités culturelles défavorisant les milieux pauvres influencent négativement le développement des individus et les condamnent souvent à l’échec.

            a) Exemple :Les inégalités sont reproduites à l’école.(cf. L’analyse de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron dans « Les héritiers » 1969 Manuel Hatier Term L pp 204-205)

 

Transition : Qu’en est-il au niveau des connaissances objectives ?

 

III- Le passé facteur de ralentissement et de blocage des connaissances scientifiques.

1)      Barrière de la religion : l’impossibilité d’expliquer les phénomènes naturels était imposée par la religion seule source d’intelligibilité (cf. Le procès Galilée).

2)      Persistance des préjugés : la science doit aller contre l’opinion c’est à dire contre l’évidence sensible.

a)      Exemple :l’objet étudié n’est pas d’abord présenté grâce aux sens mais doit être appréhendé par la pensée rationnelle et ses techniques de construction. (Gaston Bachelard « La formation de l’esprit scientifique » 1938 Manuel Magnard p 409).

 

Transition : Qu’en est-il en ce qui concerne la constitution de l’identité du sujet ?

 

 

IV- Le déterminisme de l’inconscient

1)      Formation et définition de l’inconscient : l’inconscient est une instance du psychisme comprenant pulsions innées et refoulées. Il se forme progressivement par distanciation entre le moi et le réel. L’appareil psychique cherche l’équilibre en évitant les tensions qui pourraient le mettre en péril. A cette fin, il refoule et organise des satisfactions substitutives ( cf. rêves, actes manqués, pathologies).

2)      Poids des complexes et des pathologies.

a)      Freud : les complexes (cf. Œdipe).

b)      Freud : le fait traumatique (Freud « Introduction à la psychanalyse » Ch XVIII ).

 

 

B- Le déterminisme n’est pas le fatalisme. Les conditions émanant du passé peuvent être utilisées pour l’autonomie de l’être humain.

   

I-Distinction conceptuelle.

1)      Définition du fatalisme ( doctrine qui affirme que tout ce qui se produit a été prédit sans laisser la moindre place à l’action de la liberté de l’homme).

2)      Définition du déterminisme ( ordre des faits selon lequel des conditions causales étant posées, le phénomène ne peut pas ne pas se produire ; ce postulat revendique la constance de la loi).

    

 II- La raison libératrice.

1)      Dans le domaine culturel : la conscience des conditionnements éducatifs doit permettre la prise de position de l’individu face à eux. L’anthropologie ouvre l’espace de la relativité. Il y a des différences mais pas de barbares.(cf. Montaigne « Les Essais »  1572-1592 Livre I, chap 31. Manuel Nathan Term L p26).

2)      Dans le domaine politique : les totalitarismes sont mis à mal à partir de la critique de leur fonctionnement et  de leurs conséquences ( cf. Fin du communisme à l’Est de l’Europe).

3)      Dans le domaine socioculturel : là encore, fruit de l’analyse critique, les systèmes changent et on en expérimente d’autres.(cf. communisme, cf. démocratie qui garantit l’égalité des chances).

4)   Dans le domaine psychique : le but de la cure analytique est de faire advenir le sujet     là où le symptôme le déséquilibrait. Le savoir de soi libère de la souffrance.

5)      Dans le domaine épistémologique : les règles de la méthode expérimentale autorisent une définition de la réalité comme construite et non donnée. (Claude Bernard « Introduction à la médecine expérimentale 1865).

 

 

C- La liberté est un concept limitatif : l’émancipation n’est que partielle et jamais définitive.

 

1)      La répétition en histoire

      La démocratie n’est jamais complètement acquise et on peut la considérer comme        fragile ( cf. Passage de la République de Weimar à l’état nazi).

Les événements traumatiques ne semblent pas créer un enseignement moral convaincant afin que ne se reproduisent pas les mêmes fautes (cf. les génocides du XXème siècle).

 

2)      L ‘inconscient demeure une instance avec laquelle il faut compter.

      L’inconscient demeure un facteur de conditionnement très puissant : d’abord parce que tout le monde ne peut accéder à une connaissance de soi par la psychanalyse et aussi parce que le traumatisme, s’il peut être dépassé, n’en demeure pas moins la référence à partir de laquelle s’organisent les réponses du psychisme.

 

3)      Le développement des savoirs scientifiques contribue à fonder un pouvoir technologique oppressant.

           Les savoirs entraînent la création de technologies qui finissent par s’imposer aux hommes contre leur volonté. La connaissance libératrice s’est transformée en un grand danger pour l’être humain et même pour sa survie.

 

Conclusion : Le passé fournit l’occasion de grands déterminismes examinés au début de notre analyse mais l’homme, grâce à la raison, dispose des moyens de les utiliser pour lui-même en se libérant de leur caractère aliénant. Mais cette libération est partielle car le rapport désir/raison est dialectique et n’est donc jamais figé.

 

 

Une fois, ce travail effectué au brouillon, vous pouvez passer à la rédaction.

 

 

 

RÉSUMÉ DE LA DÉMARCHE

 

1) Lecture du sujet

2) Travail préparatoire

    a) Etude du sens des notions

    b) Présupposés, implications et contradiction

    c) Origine

3) Rédaction de l’introduction

4) Plan au brouillon

5) Rédaction en suivant l’organisation détaillée

6) Rédaction de la conclusion

Rédigé par Bruno Guitton

Publié dans #Méthodologie

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